FELFEL

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FELFEL veut que vous mangiez bien au boulot

24 Heures: FELFEL et son frigo veulent que vous mangiez bien au boulot

LA START-UP ZURICHOISE INSTALLE UN BUREAU À LAUSANNE POUR PLACER SES FRIGOS AVEC LEURS PRODUITS FRAIS ET LOCAUX. NOTRE TEST.

Comment manger bien au travail si votre entreprise n’a pas de cantine et que le distributeur automatique n’offre que des snacks remplis de sucre et des sandwiches tout mous? C’est la question que s’est posée Emanuel Steiner, Suisso-Iranien élevé aux États-Unis, adepte de bonne chère, dans les bureaux où il a travaillé. Comme le garçon possède quand même un MBA de Harvard après avoir étudié à Columbia, il a lancé en 2013 sa start-up pour résoudre le problème grâce à un frigo intelligent.

L’idée est simple et lumineuse: installer un frigo intelligent dans les entreprises qui le souhaitent, y placer des produits sains et le plus locaux possible qui couvrent tous les besoins, du petit-déjeuner au lunch en passant par le snack coupe-faim et commander tout ça par une connectique bien fichue. Ça s’appelle FELFEL («piment» en farsi) et l’entreprise devrait signer cette semaine son 200e client en Suisse.

SÉDUIRE LA SUISSE ROMANDE

La nouveauté est le bureau ouvert à Lausanne, au pied de la tour Bel-Air, pour mieux séduire le marché suisse romand. «Nous avions déjà des clients ici, comme Nestlé ou Nespresso, mais nous voulons intensifier notre réseau», sourit Emanuel Steiner devant son frigo. «En général, notre meilleur argument de vente est la démonstration, explique Anna Grassler, responsable des partenariats. Nous occupons une salle et nous servons un déjeuner entièrement sorti de notre frigo en faisant goûter un peu de tout. Et les gens sont conquis.»

Car il faut conquérir les sociétés, qui vont payer le «service», soit le frigo et son réapprovisionnement, une somme variable et secrète mais qui compterait trois zéros. Et séduire les employés qui vont s’y servir grâce à un badge électronique qui ouvre la porte du frigo. Il y fait son choix avant de scanner les produits qu’il désire et qui seront débités sur son compte, sans autre contrôle. «Il y a des snacks dès 1 fr. 50, des plats entre 6 et 12 fr., c’est notre engagement», explique le CEO dans un grand sourire.

L’avantage, c’est que chaque frigo est relié à la centrale de Zurich, où on peut suivre en direct les achats et prévoir les réapprovisionnements du lendemain matin.«Le lundi, en général, les gens choisissent quelque chose de connu. Puis le bouche-à-oreille interne fait son effet et le produit phare arrive en tête des ventes.» Mais FELFEL occupe également trois mathématiciens qui «prédisent» les ventes selon les statistiques, la météo et d’autres paramètres pour éviter les invendus et les frigos vides.

La jeune société fonctionne à la Google, avec une équipe d’une quarantaine de personnes (et veut en recruter vingt cette année) jeunes, polyvalentes et qui mangent ensemble en faisant la cuisine à tour de rôle. Mais FELFEL ne fabrique rien. Elle sélectionne des artisans avec qui elle travaille, des petites entreprises familiales. «Nous ne voulons pas que tous nos plats aient le même goût», explique le fondateur dont l’épouse, Daniela, dirige le groupe de «food scouts» qui cherche et valide les recettes. Les plats italiens seront faits par Giovanni et sa famille, les plats indiens par Max et Lulu dont un des cuisiniers est du Bangladesh, etc. Chacun livre ses plats à Zurich d’où un transporteur les livre chaque jour dans les frigos des clients.

APPÉTISSANT ET FRAIS

Nous avons tenté l’expérience in situ, dans le bureau de Lausanne. Les plats que nous avons dégustés ne seront plus disponibles la semaine prochaine, puisque la vingtaine de produits frais change chaque lundi. Un best-seller pourrait revenir, mais pas avant deux mois. «Une de nos promesses est que l’employé puisse manger un plat différent tous les jours de l’année.»

Les céréales sont bien présentes dans le choix de salades, ici du boulgour avec des courgettes et de la burrata, là du quinoa avec la patate douce. La soupe est dense et joliment relevée. Le curry du Bangladesh a les justes saveurs, les macaronis combinent fromage et tomate, les polpettes sont juteuses avec leurs côtes de bette, etc. Des goûts bien installés et une présentation appétissante pour ceux qui ont passé au micro-ondes, arrosé de boissons originales et saines.


Par David Moginier, en 03.2018 dans le 24heures.